lundi 2 décembre 2013

Le destin des trois frères le Goff.Forme et matière.


 

                                     FORME et MATIERE.
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                                             Il se peut.(1979).
                        Il se peut qu'au sortir de la dure matière
                        Ni le port ni l'altier n'assurent de la vie.
                       Il se peut qu'ennoblir la forme élémentaire
                        Ne soit pour rien tenu en gage de l'esprit
                       Il se peut que l'effort retourne sur son aire
                        Et que l'envol ne soit qu'éphémère tenue
                       Il se peut qu'au sortir du malheur de la terre
                       Forme d'homme ne soit notre image attendue.
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                 ( Un clic sur les photos pour agrandir).
                                                
Au moment de mettre au clair quelques uns de mes textes poétiques,je retrouve ce poème directement inspiré de la sculpture de Paul le Goff située dans le parc des Promenades près du Palais de justice de StBrieuc.En ancien briochin,elle me semble si familière que je finirais,comme beaucoup de mes compatriotes,par croire à un élément du paysage,une donnée de la nature.Il n’en est rien.
Elle me fascine parfois et me tourmente encore comme au plus beau temps de mon adolescence quand je me perdais en conjectures sur mon avenir d’artiste.
                         


                                              Contenu du cartouche de la sculpture.

Je me renseigne :
"Menuisier chez son père,le statuaire Elie le Goff,Paul le Goff prépare le concours d'entrée aux Beaux-Arts de Paris,où il obtient la quatrième place...Grand prix Roux en 1912,concours de l'Institut avec la"synthèse de l'hiver"...participe au Grand prix de Rome en 1913.Présenté  au concours Chenanard,consécration de fin d'études la"Forme se dégageant de la matière"obtient la deuxième médaille au salon.La sculpture est achetée pour le jardin du Luxembourg à Paris,puis donnée par l'Etat à la ville de StBrieuc.Dans cette oeuvre,Paul le Goff s'inspire des thèmes et des attitudes développées par Rodin,ainsi des esclaves de Michel-Ange conservés au Louvre".
Ref:Wikipédia,patrimoine
    


                          Michel-Ange :Esclave mourant et Esclave rebelle.Rodin :le penseur.

Si j'avance que le travail de Paul le Goff tient davantage de « l'esclave rebelle »que de Rodin,est-ce par l'attitude,le thème ou bien plutôt en raison de l'humanité qui en émane et partant de l'émotion qu'elle fait naître chez l'observateur?.L'étudiant parisien que fut Paul le Goff dut dessiner bien des fois les unes et les autres.
Retour à Wikipédia:
   "Si le non finito,en tant que technique artistique,apparaît pour la première fois chez Donatello,désireux de mettre en évidence l'intensité spirituelle et dramatique des scènes représentées,Michel-Ange est incontestablement le promoteur d'une esthétique de l'inachevé..Vassari invoque lui-même l'ébauche concentrant,plus sûrement que l'oeuvre achevée,quelque chose de la fureur créatrice...il restait fasciné de l'effet obtenu dans les statues incomplètes,têtes et membres  à peine dégrossis,laissant le reste sommeiller dans le marbre".
       Ainsi,bien avant la révolution rodinienne,une esthétique de l'inachevé se dégage de l'oeuvre du génial Michel-Ange que Rodin étudiera du reste lors de son séjour en Italie.Au moment Paul le Goff commence à s'exprimer valablement en sculpture,Auguste Rodin a déjà produit l'essentiel de son oeuvre gigantesque et ses principes,recommandations et autres observations esthétiques apparaissent incontournables pour la jeune garde.
     "On reconnaît souvent ses oeuvres à une forme inachevée qui reste partiellement prise dans un bloc  plus rustique et partiellement dégrossi.Le résultat toujours frappant est un équilibre entre un modèle englué dans la masse brute et un élan donné à l'oeuvre qui semble ainsi prête à s'en échapper."
Ref:Wikipédia.
        Difficile de trouver mots plus appropriés pour parler de "La forme se dégageant de la matière" que ceux employés ici à propos de Rodin.
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     Cet homme sans visage,sous quelqu'angle qu'on le regarde,dans un effort titanesque de libération,est la représentation allégorique d'un temps dans l'histoire de l'humanité pour s'extraire,se désengluer de sa condition dopprimé.Le symbole touche à des plans et niveaux d'interprétation différents.L'Etat en l'achetant pour le Jardin du Luxembourg ne se trompait pas sur sa valeur.Sa restitution à StBrieuc relève d'une autre histoire.
Etudiant la philosophie,quelques années en arrière et la tête farcie de la littérature de Nietzsche,j'y voyais une image du Surhomme dans "ainsi parlait Zaratoustra".Ce n'était pas si mal au fond même si je doute que Paul le Goff y ait jamais pensé.L'homme n'est pas un athlète,encore moins un bodybuilder,même doté dune musculature impressionnante,à la gréco-latine.Ce n'est pas non plus une sommité intellectuelle ou morale,mais une présence puissante,une force dotée dune volonté à toute épreuve,celui daprès la « mort de Dieu »,qui se libérant et se dépassant sans cesse,trouve dans son effort même le sens de son existence et se réalise pleinement en toute lucidité.

A la façon de « lesclave rebelle » de Michel-Ange,lêtre humain ici représenté,tente dans un effort pathétique et désespéré de sextraire de son bloc minéral.Jy verrais,plutôt que la naissance dun Homme nouveau, lexpression étant sujette à caution,limage dune métamorphose de la condition humaine.

La métaphore est parlante en ce début de vingtième siècle marqué par lémergence de l'idée marxiste et socialiste,telle une injonction à s'affranchir, à se libérer de l'exploitation  dont lindividu est l'objet.Les bardes bretons éclairés sont progressistes et beaucoup se déclarent de gauche.La Bretagne,grâce à l'instruction publique,aux progrès des techniques commence à se libérer de ses aliénations religieuses et de son archaïsme.L'époque est tendue,pleine de fureur contenue,d'esprit de revanche patriotique.Il suffira bientôt du prétexte de l'attentat de Sarajevo pour voir les Etats d'Europe se jeter les uns contre les autres avec une violence irrépressible.Calme avant la tempête.Les temps sont à la mobilisation des forces pour progresser dans tous les domaines,pour résister et vaincre l'adversité.Le témoin sensible,à chaque coup de burin dans le marbre, prend en charge et exprime l'esprit de son temps,même inconsciemment.Son œuvre est un acte de foi en lHomme,plus exactement en lidée que les idéalistes se font à cette époque dun progrès sans limites de son intelligence,de son inventivité et de sa morale.Ses préoccupations d'artisan et son dessein d'artiste étaient sans doute plus modestes.La conscience et le temps font aussi leur oeuvre.



                                                                La statue vers 1930
L'Europe,toujours en gestation douloureuse,requiert encore nouveaux efforts et vigilance.L'humanité de ce début de vingt et unième siècle,malgré quelques soubresauts prometteurs du tiers monde,quelques progrès de justice sociale tarde à relever la tête.Injustices et souffrances d'un autre âge sont le lot quotidien de la moitié de l'humanité.En ce sens aussi le message de cette sculpture inspirée garde une actualité.
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Paul le Goff,sculpteur, connaîtra une gloire posthume et sera reconnu par ses pairs,ainsi quen témoigne cette autre stèle de Jean-Charles le Bozec dans le parc des Promenades,elle aussi.Une veuve en sabots portant capuche et la coiffe de Plérin semble écrire le nom de lartiste défunt..


Bretonne du pays Goëlo en manteau de veuve à capuchon.


- Le singulier destin des trois frères Le Goff.
                      - Journal du 74ème RTI,du 2.8.14 au 30.2.1915.
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     A peine le temps de finir son oeuvre,de la présenter au concours de fin d'année des Beaux-Arts,dit Chenavart,dobtenir le deuxième prix national et voilà notre sculpteur mobilisé.Le sous-lieutenant de réserve Paul le Goff ,3I ans et son frère Elie,adjudant, de deux ans son aîné rejoignent le 74ème RTI(infanterie territoriale) en formation à StBrieuc,le 3 août 1914.Dans la nuit des 6 et 7 août c'est le départ,tel que relaté ici dans le "journal de marche du 74ème RIT".

Extrait du journal de marche du 74è RIT.Ref :Mémoire des hommes.SGA.fr

Mission pour le 73è RIT formé à Guingamp et Le 74è RIT formé à StBrieuc :’’assurer momenta-nément la garde des côtes du Cotentin.’’Autrement dit,attendre de nouveaux ordres. Les régiments dinfanterie territoriale sont composés de réservistes.Elie le Goff a 34ans,donc de la classe 01 et Paul 31 ans soit la classe 03.Ils ont donc fait leur service militaire une décennie auparavant.Ils ne sont pas combattants,en théorie,étant plutôt destinés à des missions de garde,dintendance ou de génie selon les besoins.
En hommes éduqués et conscients de létat de tension militaire dans ces années davant-guerre,ils sont réservistes par devoir,officier pour Paul et sous-officiers pour Elie et Henri.

In :’’Les Bretons dans la guerre 14-18’’.Ed :0uest-France.

Suite du périple du régiment selon le ‘’Journal de marche du 74è RTI :


La numérisation et l'ouverture en ligne par Internet des archives du ministère de la défense permettent au chercheur de suivre la marche des unités militaires en guerre.Le journal de marche du 74ème RTI est complet depuis sa formation jusqu'à sa dissolution,soit du 2 août 14 au 30 fevrier 1915.Il est en outre parfaitement lisible,ce qui n'est pas toujours le cas,loin s'en faut.Les rédacteurs de ces journaux étaient aussi des combattants au besoin et la littérature,en cas de coups durs,passait au second plan.Ils peuvent être aussi endommagés ou perdus.
 - 19 au 22.8.14.LE régiment est dans la région de Briquébec-Valognes-StMartin d'Andouville.
 - 26 au 4.9.14.-Biville-Heauville-Sottevaast.
 - 6.9.et 7.9.14.Embarquement pou Le Havre à bord des paquebots New haven et Malte.
 - Du 11.9. au 4.10.14.Région Le Havre.
-5.1O.14 et 6.10.14.Embarquement et débarquement en rade de Dunkerque.Cantonnement Malo les Bains.




  • Du 8 au 13.10.14.StOmer.Arques.Cassel.Zuytpenne.
  • 13.10.au 20.10.trajet vers Boezenge-Langemark
Installation terminée le 29.10 dans les ouvrages et tranchées

                                                                  


Discours du colonel commandant la 173è brigade,pour le moral des troupes.Remarquable son adresse au courage supposé des Bretons au combat,leurs valeurs guerrières :’’Français de Bretagne,vous avez prouvé une fois de plus que vous êtes les dignes descendants de ceux qui ont immortalisé votre province devant l’Histoire !..’’En réalité,ils n’ont encore pas vu grand chose de la guerre.Autre passage remarquable’’Nous venons pour la sauver(la Belgique)en chassant ces hordes ignobles d’Allemands’’.
                           

Partis de StBrieuc le 6 août 14,soit 3 jours après linvasion de la Belgique et la déclaration officielle de la guerre à la France par lAllemagne,5 jours après la mobilisation générale en France et en Allemagne,voilà nos valeureux guingampais et briochins à pied dœuvre, si lon peut dire,le 29 octobre(2 mois et 3 semaines de trajet). Le 74è va donc  occuper les ouvrages en avant et au S-E de Langemarck(inclus)..Pc du LtColonel à lauberge de Hack-Borch,route de Pilkem à Langemarck.  Il remplace un régiment Anglais « sous un feu nourri dinfanterie et dartillerie’’précise le rédacteur.  Aléa jacta est  !.

La course à la mer des deux forces en présence pour contrôler les ports du nord de la France se termine provisoirement.La veille,le 28 octobre,pour stopper la percée allemande au nord de Dixmüde,les Belges ont ouvrir les écluses de lYser à Nieuport,pour inonder les polders.Incapables davancer,les Allemands vont se tourner bientôt vers le saillant dYpres,qui va subir des tentatives de percées de toutes sortes jusquen octobre 1918.Quelques 300 000 Allemands laisseront leurs vies dans cette « course à la mer » quils ne remporteront jamais.Un chiffre équivalant du côté allié.



1 :PC du 74èRIT à Pikem entre Langemark et Boezinge.
2 :Lignes des tranchées et fortifications 73è et 74è .
3 :Lignes allemandes.
4 :Lignes de tranchées et défense face aux lignes allemandes sur 750 kilomètres depuis Nieuport jusqu’à la frontière suisse.
Les régiments bretons ont déjà payé un lourd tribut à cette guerre,en Belgique.Lactualité de lépoque résonne de noms sinistres :bataille de Maissin près de Dinant le 22 août 14,bataille de Charleroi et de la Sambre,Auvelais et Arsimont du 20 au 26 août sillustreront entre autres le 41è de Rennes,Le 48è de Guingamp,le 71è de StBrieuc.Le calvaire de Maissin,la nécropole dAuvelais portent témoignage du caractère meurtrier de ces premiers combats le lannée 1914.’’Un sixième des tués de la Grande Guerre disparaîtrait pendant les deux premiers mois dun conflit qui durerait plus de 4ans 27 000 pour la seule journée du 22 août 1914, la plus meurtrière de tous les temps’’.Jean Pierre Guéno.In Paroles de Poilus.Ed :Librio.

Pour l’heure nos briochins s’adaptent comme ils peuvent à des conditions de vie rendues de plus en plus difficiles par l’approche de l’hiver.Le conflit s’enlise.L’ennemi,malgré des tentatives alliées coûteuses en hommes, reste sur le sol de France.Après la bataille de l’Aisne du 13 au 21 septembre et de la Somme fin septembre, la bataille d’Arras du 2 au 10 octobre,la guerre atteint maintenant les Flandres.Première bataille de l’Yser et d’Ypres de fin Octobre au 15 novembre.C’est toujours l’indécision.

Les 73è et 74è sont sous le feu ennemi et attaqués dès leur arrivée.Létat des pertes du 74è fait apparaître une suite de noms bien de notre région.

Témoignage du 14.2.15.In.Paroles de poilus.Ed :Librio. 1998.
« Quand nous sommes arrivés ici au mois de Novembre,cette plaine était magnifique avec ses champs à perte de vue,pleins de betteraves,parsemés de riches fermes et jalonnés de meules de blé.Maintenant cest le pays de la mort,tous ces champs sont bouleversés,piétinés,les fermes sont brûlées ou en ruine et une autre végétation est née :ce sont les petits monticules surmontés dune croix ou simplement dune bouteille renversée dans laquelle on a placé les papiers de celui qui dort là. »Michel Taupiac,brigadier 58ème régiment.Il ajoute à lintention de son ami Justin Cayrou des détails inimaginables « Jétais lautre jour dans les tranchées(des joyeux).Je nai jamais rien vu daussi horrible.Ils avaient étayé leurs tranchées avec des morts recouverts de terre,mais avec la pluie,la terre séboule et tu vois sortir une main ou un pied noirs et gonflés.Il y avait même deux grandes bottes qui sortaient dans la tranchée,la pointe en lair,juste à hauteur comme des porte-manteaux et les joyeux y suspendaient leurs musettes en rigolant »
Voilà quelques touches de lambiance dhumour noir,mais aussi souvent de désespoir absolu et de résignation de ces tranchées assignées à nos régiments de réservistes bretons.



Ces images de tranchées et danciens ouvrages prises à lépoque donnent une idée de lenvironnement des soldats en poste face à lennemi perpétuellement harcelés ou canonnés par des Allemands furieux de ne pas pouvoir parvenir à leurs fins.Alphonse, témoigne dans « paroles de poilus’’ : «  commencent les boyaux de communication ;ce sont de grands fossés de mètre de large et de deux mètres de profondeur ;nous faisons trois kilomètres dans ces fossés,après on arrive aux tranchées qui sont assez confortables.De temps en temps on entend siffler les balles.Nous sommes à deux cents mètres des bochesIl ne faut pas se le dissimuler,nous sommes en danger et on peut prévoir la catastrophe…’’
L’Histoire a parlé.Tout commentaire critique aujourd’hui relève du bavardage.
Et pourtant !Que faisaient en première ligne deux régiments de réservistes ?.Les comptes définitifs sont sans appel.
-73è RTI Guingamp :570 morts.74è RTI StBrieuc :599 morts.
-75èRTI Rennes :292.76èRTIVitré :202.78è RTI St Malo :215.857RTI Vannes :109. 86è RTI Quimper :106. 88èRTI Lorient :101
Qui mieux que de « vieux » Bretons pour relever de « jeunes » Anglais en effet.Les Bretons restent et demeurent les chouchous des généraux.Nous ne sommes pas les seuls. « Les états-majors français avaient dépêché des troupes de choc (écrit Claude Duneton dans son livre paru au Seuil sous le titre,le Monument),les zouaves du 7ème régiment,renforcés par un bataillon du 4ème ;ces unités faisaient la liaison entre larmée belge à gauche et au nord et les troupes anglaises et canadiennes à droite dans le secteur dYpresNos zouaves enfin,africains frénétiques faisaient merveille en ce printemps 1915,et pour ne pas faillir à leur réputation gagnaient du terrain sur la rive droite du canal(de lYser).Ils étaient parvenus à Bikschote et un peu plus à lest encore avaient atteint le 22 avril le village de Langemark ils établissaient la jonction avec les troupes canadiennes’’.
Les Bretons des 73 et 74èRIT sont maintenant sur les lieux depuis pratiquement 6 mois.A défaut de témoignages directs,le livre «  Paroles de poilus »Ed Librio 1998.publie celui de Michel Taupiac du 2 mai 1915 : « cet hiver ce nétait quune mer de boue,maintenant le printemps a fait pousser une végétation folle qui essaye de couvrir dun linceul de verdure tous ces petits monticules qui forment comme les vagues des rives boueuses de lYser».
Le 22 avril 1915.
Une date à retenir par cœur au même titre que 732,lan 800 ou 1515,si lexercice avait encore lieu dans nos écoles :celle de la première utilisation de gaz asphyxiants au cours dopérations de combats,en fait comme arme tactique de guerre en contravention totale avec les conventions internationales de La Haye,pourtant signées par le représentant de lEmpire dAllemagne en 1899 et 1907.Cette attaque fera près de 5000 morts britanniques et français.Cest dun bombardement dobus au chlore quil sagit pour cet essai grandeur nature,en représailles dit-on du minage anglais sous les lignes allemandes qui fera sauter toute une colline,la Hill 60 à Zillebeke.Précédemment fin février,ce furent des jets de pétrole enflammés à Malancourt puis à Vauquois,causant des brûlures atroces.On narrête pas le progrès !.Quant à laccoutumance à lhorreur ?.

« A la fin du conflit larme toxique était devenue le principal vecteur de la guerre des gaz,chaque nouvel agent chimique surpassant en nocivité le précédent.A cours de lété 1917,les chimistes allemands parvinrent à mettre au point un agent aux effets effroyables :le gaz dit ‘’moutarde’’ à cause de son odeur ou ‘’Ypérite’’ car utilisé pour la première fois dans la région dYpres..Au total,le nombre de victimes des gaz-1 297 000-dont 91 000 décédèrent paraît modesteElément essentiel de la guerre dusureA défaut davoir été larme de la victoire,elle fut celle du harcèlement permanent de lennemi.’’Olivier Lepick in no 21 de la Collection de lHistoire.
Extraits du JMO du 74 è RTI relatant les évènements des 22 et 23.4.15



             

es soldats allemands ne perdent pas le nord..La préméditation et la préparation de l’offensive apparaissent clairement dans leur comportement. Claude Duneton écrit :’’Croyant à la propagation d’un brouillard artificiel destiné à couvrir une attaque,les hommes se tinrent prêts.Quelques uns se précipitèrent au-devant des vapeurs… Les premiers atteints furent pris de picotements intenses dans le nez,les yeux et la gorge,qui se transformèrent rapidement en brûlures insoutenables dans toute la poitrine.Ils toussaient,suffoquaient et la plupart se roulèrent au sol,se tordant de douleur avant d’agoniser sur place…Les fantassins allemands suivaient,en effet la progression de leur nuage,munis pour eux-mêmes de bandeaux protecteurs sur la bouche,en tirant au fusil à travers la fumée pour accélérer le massacre ;pour couronner leur effort meurtrier,leur artillerie arrosait nos lignes arrière’’.

                                               Emprunt carte au site:87ème RIT.

Le 74è et 73è RITparticipant de la 87ème Tdivision se seront trouvés exactement sous le nuage toxique ainsi que la 45ème division algérienne.
Témoignage du général Mordacq dans son ouvrage ‘’La guerre des tranchées ‘’paru chez Plon 1939.Il est alors colonel en tournée d’inspection dans le secteur de Boezenge.Vers 17h20 :’’Il fallut même descendre de cheval,les chevaux oppressés,incommodés se refusant à galoper ou à trotter.Nous gagnâmes donc les ponts de Boezenge à pied.Dès les abords du village,le spectacle était vraiment tragique.Partout des fuyards :territoriaux,joyeux,tirailleurs,zouaves,artilleurs sans armes,hagards la capote enlevée ou largement ouverte,la cravate arrachée,courant comme des fous,demandant de l’eau à grands cris,crachant du sang,quelques uns même roulant à terre en faisant des efforts désespérés pour respirer…Tout le long du canal,même tableau,sans parler des balles et des projectiles sur les deux rives,une foule de malheureux affolés était venue demander à l’eau bienfaisante un peu de soulagement à leurs horribles souffrances…’’Tout serait à citer de ce témoignage de première main.Je ne me suis pas fixé comme but de rendre compte de l’ensemble de cette incroyable tragédie,mais de suivre au plus près le destin des deux frères Le Goff,déclarés ‘’tués à l’ennemi ‘’ dans leurs fiches militaires et qui,présents ici parmi leurs camarades ont disparu de la même façon.Des soldats belges et anglais voisins du drame,mais non atteints ou très peu par le fameux nuage jaune et vert ont également témoigné :’’J’entendis crier autour de moi :une attaque,les boches sont là….Je regardais dans la direction des cris,c’étaient des soldats français qui couraient vers nos tranchées.Plusieurs tombèrent en chemin.A notre caporal qui les interpellait,j’entendis qu’ils répondaient :nous sommes empoisonnés’’Un grenadier belge.

MrJohn Buchan,auteur de la Nelson’s history of the war écrit de son côté :’’On vit dans ler crépuscule,dévaler un torrent de soldats français aveuglés,toussant et littéralement affolés,victimes d’une machination diabolique,ils avaient cédé devant elle bien plus que devant la terreur humaine’’.
Quelles conclusions pour un pareil crime ?.Les Allemands ont réalisé la brêche qu’ils souhaitaient.L’occason de gagner cette guerre à l’ouest est ainsi crée.Or contre toute attente,l’angoisse formidable des alliés le lendemain 23,ils ne poursuivent pas leur avantage.Le crime de guerre s’avère stratégiquement inutile.C’est un crime tout court !.La route d’Ypres et les ports de la Manche seront bientôt définitivement fermés grâce aux renforts alliés.Cette occasion perdue ne se retrouvera plus.

Les responsables d’un acte aussi odieux seraient poursuivis aujourd’hui pour crime contre l’humanité leur vie durant A cette époque d’avant la SDN,d’avant l’ONU d’un droit international embryonnaire toute sanction contre les Etats voyous était inenvisageable et d’ailleurs impossible.Le communiqué allemand pour la journée du 22 avril dit :’’Hier,au nord et au nord est nous avons rompu le front ennemi.Langemarck et Steenstrat,où nos troupes se sont portées en avant sur un front s’étendant sur 9 kilomètres au sud et à l’est de Pilkem.Après un combat acharné elles ont forcé le passage du canal à Steenstraat et à Het-Sas et se sont établies sur la rive ouest’’Il n’est fait aucune mention des gaz asphyxiants et ne le feront jamais quand plus tard ils les utiliseront à nouveau.CQFD.La parade sera alors trouvée par les alliés et les soldats seront dotés de masques protecteurs.Ce 22.4.1915,ceux qui se sont trouvés dans ces parages ont été’’ faits comme des rats’’selon la formule.

‘’La guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires’’ disait Georges Clémenceau en 1917.Peut-être avait-il en tête un peu de cet « épisode ».
‘’Des centaines d’hommes moururent en première ligne.D’autres s’enfuirent paniqués.En quelques heures un trou de huit kilomètres sur 4 avait été opéré au travers des lignes alliées.Une force de défense internationale regroupant Belges,Français,Britanniques,Irlandais,Canadiens,Indiens et Nord-Africains s’opposa dans le mois suivant à la rupture du front.’’Ministère de la Défense.

Nous retrouvons dans le journal du 74ème à la date du 30 avril 1915, dans le tableau des pertes du 22 au 28 avril,le nom de notre sculpteur Paul le Goff,sous-lieutenant et un peu plus loin celui de son frère aîné Elie,adjudant parmi ceux de tant d’autres compatriotes bretons.
Le JMO conclut :’’En vertu des ordres reçus de la 87ème brigade,le troisième bataillon du 74 ème RITj est supprimé en raison des pertes qu’il a subies.Les hommes et les cadres qui restent sont répartis dans le 1er et 2ème bataillon.’’Sic…
Michel Taupiac écrit à un ami 10 jours après l’attaque au gaz :’’ Tu as sans doute entendu parler de cette attaque furieuse du côté d’Ypres,où tous les moyens de destruction ont été employés par ces bandits.Pauvre pays,qu’en restera-t-il ?.Ruiné déjà par les sanglants combats de novembre dernier.De ces villages,de ces belles fermes qui émaillaient comme à plaisir cette riche plaine des Flandres tout n’est que ruine et incendie,qu’un immense charnier,digne trophée de cette guerre affreuse…L’avenir me paraît bien noir…Je ne ferai rien pour disparaître,je n’ai pas le sang d’un héros…Je suis un de ces millions d’anonymes qui forment l’instrument pour forger une page sanglante de notre histoire.Cette époque sera bâtie avec beaucoup d’héroïsme,de tristesse et de lâcheté…’’Il faut être un vrai témoin, pour écrire des mots semblables.Le moral du combattant n’a pas fini d’être mis à l’épreuve en ce printemps 1915.Pierre Chaine affirmera en 1917 au moment de l’offensive Nivelle du Chemin des dames que’’le quotidien du soldat ne fut une fois de plus qu’un long tête à tête avec la mort’’..Victor Guillermin écrit dans ses carnets de guerre que’’le fantassin n’en reste pas moins le suicidé par persuasion’’.
Mais deux ans d’une guerre interminable auront passé et l’état d’esprit du soldat de base aura changé.Ce seront ,peu après, les premières mutineries et les premiers fusillés pour l’exemple que les responsables politiques de notre époque commencent seulement à réhabiliter.
La date du 22.4.1915 est récurrente sur les monuments aux morts bretons et spécialement des Côtes du Nord.La différence du nombre des morts avec les autres régiments territoriaux s’explique évidemment par cette attaque au gaz parfaitement inattendue et d’une cruauté insoutenable.

Elie Jean Marie le Goff.Naissance ;le 12.4.1881.Le frère aîné issu de Elie jean-marie(père) et de Marie-Louise Corlay.Père :23 ans sculpteur et mère :24 ans tailleuse.Le couple réside au 35 rue neuve de Gouët.Je pense qu’il s’agit de l’actuelle rue des Trois frères le Goff.


On apprend en marge de son acte de naissance qu’Elie a contracté mariage avec Eugénie Yvonne Philippe le 18.7.1910.Je n’en sais pas davantage pour l’instant sur une éventuelle descendance..


Je constate que Paul ne naît pas à la même adressse que son frère aîné sans pouvoir en expliquer la raison.

Deux autres briochins devaient accompagner Elie et Paul Le Goff dans la mort en ce jour fatidique:François Marie Budet et Joseph Marie Vieuxloup.




François Budet avait donc 39 ans et Joseph Vieuxloup 38.Si le qualificatif de ‘’Joyeux ‘’était les surnom que l’on donnait aux zouaves ou aux légionnaires, les jeunes des régiments de ligne appelaient les territoriaux les ‘’terribles’’ plus par dérision que par la terreur qu’ils inspiraient à l’ennemi.Ces réservistes rappelés d’office qui en avaient vu d’autres jouaient les dilettantes pour donner le change et soutenir le moral des plus jeunes.
Monument en hommage aux victimes des gaz asphyxiants prèsde Steenstraat.Image Google Earth.
Il y est écrit :’’Le 22 avril 1915 les troupes de la 45ème division et de la 87ème division territoriale furent empoisonnées par la première nappe de gaz.Depuis il meurt encore,chaque jour,dans la paix,des victimes de ces procédés de guerre abominables’’.

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L’Art supplée à la photo quand la réalité dépasse l’entendement.L’Art ici,s’agissant de statuaires de talent ,voire de génie s’impose d’office.D’autres noms de jeunes artistes et écrivains me viennent à l’esprit,qui ne pourront donner leur pleine mesure :Charles Péguy,Alain Fournier,Appolinaire et tant d’autres.Le poète en langue bretonne Jean Pierre Calloc’h de l’île de Groix tué le 10.4.1917 près de StQuentin ne dépare pas le lot des martyrs de cette guerre cruelle.Mais n’est-ce pas là un pléonasme ?.

Ar maro war an or ‘n stoked                                La mort a frappé à la porte
A deit é barhz                                                           Elle est entrée ;
Hon eurvad zo ed kuit ‘n un ar                             Notre bonheur est parti dans un cercueil..
Hag ennon e ganné eur varz.                                Et en moi un barde naquit.
Ar maro war en or ‘n stoked                                 La mort a frappé à la porte
Na ouélinn ket !.                                                   Je ne pleurerai pas!.


L’affaire aura-t-elle servi de leçon ?Le recrutement régional cesse à partir de 1915,en même temps que le port du pantalon rouge garance du bidasse. « Début 1915,en raison des pertes subies le haut commandement est amené à ‘’boucher les trous’’par un brassage d’hommes venus de tout l’hexagone …le pourcentage des bretons au sein des unités étant généralement très inférieur à 40% »Roger Laouénan.

« A Boezenghe,tombèrent beaucoup de bretons,ce qui fut à l’origine,après la guerre d’un pèlerinage depuis StBrieuc.Alors que depuis 1923 beaucoup de tombes françaises étaient déplacées,les Bretons décidèrent d’éléver leur propre monument.Ce fut l’origine de l’authentique calvaire breton du Carrefour des roses ».In wikipédia.A voir en bordure de la route Boezenghe Langemark.

 l’intention des bretonnants du 73èmeRIT,comme aux visiteurs généreux qui de temps en temps nettoient les plaques du souvenir.
« Ar c’hentan argad Alaman gant aezhennou mougus zo bet kaset war-raok d’an 22 a viz ebrel 1915,d’a 5 eur d’abardaeza enep da soudarded ar 87 vet DIT hag 45 DI war dalbenn ar brezel Steenstrate-langemark-st julian. »
Trad : « La 87ème DIT et la 45è DI française ont subi le 22 avril 1915 à 5 heures de l’après midi la première attaque allemande aux gaz asphyxiants sur le front Steenstrate-Langemark-St Julien ».
L’autre texte en Flamand ne dit rien d’autre.

Henri le Goff,le cadet.


La guerre,contrairement aux prévisions,aux illusions des débuts,continue.Pire,elle est devenue mondiale.1915 voit les débuts de la guerre de positions(les tranchées).Les tentatives de percée des Allemands vont se succéder(Champagne,Artois..)1916 est marqué par l’offensive Allemande sur Verdun(Douaumont,le Mort-Homme,le Fort de Vaux..).La bataille de la Somme commence le 1er juillet avec l’offensive Anglaise.1 000 000 de morts pour Verdun et 1 000 000 pour la Somme.Avril 17 :entrée en guerre des Etats-Unis,offensive du Chemin des dames.La guerre de 14-18 fera un total de 19 millions de morts.

Henri,de 8 et 6 ans ,le cadet d’Elie et Paul,est revenu de New-York où il a suivi les cours d’une école de sculpture.Rappelé ,malgré la mort de ses frères,tant le besoin en combattants est grand sur l’ensemble du front,on le retrouve sergent au 71ème RI formé à stBrieuc à la date de sa mort,soit le 9.2.1918 à l’âge de 30 ans et demi.Sa fiche militaire le signale mort «  des suites de ses blessures » à l’ambulance du Petit Monthairons dans la Meuse.Le secteur de Verdun,après les formidables tueries de 1916 est pourtant calme en ce début de 1918, avant la dernière grande offensive allemande,début juillet, dite deuxième bataille de la Marne dont l’échec obligera bientôt l’Allemagne exsangue à demander l’Armistice.Henri aura raté de peu « le onzième jour du onzième mois de la onzième heure ».


Le JMO du 71èmeRI signale ‘’seulement’’ 2blessés dans la journée du 7 février.Henri le Goff meurt le 9.on peut raisonnablement penser qu’il faisait partie du duo.
Il sera le seul des trois frères à être inhumé dans le caveau familial de StBrieuc.


                         


Henri donc trouve la mort non loin des Eparges,là où Maurice Genevoix et sa compagnie se sont défendus en 1915 contre l’attaque d’Ernst Junger,autre écrivain Allemand d’importance,non loin aussi de l’endroit où l’on a récemment découvert les corps d’Alain Fournier,l’auteur du Grand Meaulnes et vingt de ses compagnons.

Le château du « petit Monthairons »,aujourd’hui hôtel de luxe pour personnes aisées faisait office,du rant la guerre de 14-18, d’hôpital-infirmerie–ambulance jusque dans les combles.La proximité des boucles de la Meuse en fait un endroit bucolique et reposant.Difficile d’imaginer toute cette région à feu et à sang,il y a un siècle.Et pourtant !.

Les honneurs divers et variés n’auront pas manqué à leur mémoire.La rue où leur père Elie avait installé son atelier de statuaire leur a été dédiée.Ancienne rue du Légué elle était,à leur époque, l’axe principal de dégagement de StBrieuc vers le port et les routes de l’ouest :Plérin,Guingamp etc…


Il leur survivra quinze ans et consacrera à ses trois fils une stèle remarquable que l’on peut découvrir dans le bas de l’allée centrale du cimetière StMichel.


                                      « La gloire est le soleil des morts » Honoré de Balzac.
Le médaillon donne à voir trois moustachus(poilus) en tenue militaire,l’aîné entourant les plus jeunes de ses bras protecteurs,les regards scrutant l’horizon.

La partie basse en granit représente un enterrement en Bretagne.Conçue par Paul qui en avait fait une première ébauche en plâtre,elle exprime bien l’esprit breton,fait de résignation devant les injustices du sort,d’initiation précoce à la fatalité et la présence de la mort,d’intimité avec elle. « Je ne connais pas de peuple pour qui la mort soit plus familière» écrivait Anatole le Braz auteur de « la légende de la mort ».

Un peu de généalogie.
La présence de la famille Le Goff à StBrieuc est attestée depuis le milieu de 19ème siècle.Elie Le Goff père ,premier sculpteur de la famille naît de Henry Marie Le Goff exerçant le métier de menuisier à StBrieuc et de Marie Yvonne Gaffric ménagère née en 1833.

L’autre acte de naissance concerne Bernadette Le Goff,née en 1892,la jeune sœur d’Elie,Paul et Henri.Pour un peu on l’oublierait tant elle paraît discrète à côté de ses frères glorieux.Une discrétion d’autant plus grande qu’elle se mariera à Nicolas Wenandy le 12 octobre 1920 et s’appellera donc,tout logiquement, du nom de son mari et de ses enfants.
Piere tombale de la famille LeGoff.Cimetière StMichel .StBrieuc.


Je laisse à penser les épreuves douloureuses vécues par cette famille à l’annonce de ces morts successives.Leur mère Marie-Louise Corlay disparaît en 1921,soit trois ans après Henri à l’âge de soixante trois ans.Bernadette née en 1892 meurt le 17 mai 1975 à l’âge de 83 ans.
Mon regret au terme de cette étude est de n’avoir pas recueilli son témoignage,voire aussi d’autres documents précieux(photos,lettres etc..)toujours possibles dont je n’ai pas connaissance.De savoir d’autres familles dans le même cas console-t-il vraiment ?.L’ouvrage consacré aux Bretons de la guerre de 14-18,Ed :Ouest-France fait état des neuf frères Ruellan dont trois seulement survivront.Roger Laouénan écrit de son côté pour expliquer le lourd tribut payé par la Bretagne : « Les familles de 5,6,7 enfants sont courantes.De ce fait plusieurs frères peuvent être mobilisés à des dates rapprochées.Comment s’étonner que la même famille déplore le décès de deux,trois et même plus de ses enfants.Pour le seule Bretagne,près de la moitié des paysans,chair à canon idéale ne reviendra pas ».

Quelques documents annexes.

Elie le Goff père,outre l’amour de la sculpture qu’il aura su inculquer à ses fils et la stèle qu’il leur consacrera,aura également signer des statues,édifices et monuments aux morts de belle facture,à StBrieuc mais aussi en divers endroits de Bretagne.Statuaire talentueux et original dans le travail du marbre et du granit.

« L’idée de construire des monuments aux morts est née pendant la guerre elle-même » écrit Mme Annette Becker dans la collection de l’Histoire n°II.I2.203. « Les listes affichées dans les mairies ne pouvaient suffire.La France a refusé les commémorations telles que bourses d’études,stades,salles de réunions communales très répandues dans les autres pays…Le rappel des morts devait être matérialisé par une statue placée au cœur de l’espace public..Après 1918,ils ornèrent quasiment chaque commune,soit 36 000 environ. »

En conclusion.

Retour à mon à mon point de départ,c'est-à-dire, « La forme se dégageant de la matière »ce titre de portée philosophique que Paul le Goff donne à sa sculpture.On reconnaît l’œuvre de valeur en ce qu’elle nous interpelle,au-delà de la forme et de l’émotion esthétique nous obligeant à un questionnement sur nous-mêmes et le mystère de l’Homme.Si mon enquête au sujet de son auteur m’apporte,en m’obligeant à cette plongée dans l’un des pires endroits et des pires moments de la Grande Guerre,beaucoup d’éclairages nouveaux,l’énigme que je traduisais dans mon poème de 1979 n’est en rien résolue. « Il se peut qu’au sortir du malheur de la Terre
                                     Forme d’homme ne soit notre image attendue ».
L’artiste penseur de 1914 ne doutait pas davantage d’un avenir meilleur,que d’une victoire rapide sur l’Allemagne.Certes,il fallait se préparer à la guerre et la faire ,risquer la mort sûrement mais l’horizon radieux de l’humanité était dans sa tête autant que son dessin.Comment ces esprits chevaleresques pouvaient-ils se douter des incroyables tueries d’une guerre portée à l’échelle industrielle et bientôt suivie d’une seconde guerre mondiale encore plus dévastatrice et meurtrière.La notion d’Homme était singulièrement remise en question après tant de barbarie et surtout de l’avènement dans la conscience d’interrogations nouvelles:l’holocauste,Hiroshima,aujourd’hui Fukuschima,l’arme nucléaire,l’effet de serre etc…L’Homme se referait,l’humanité sortirait de sa pierre,soit mais à un siècle de distance désormais la portée de la prémonition du sculpteur penseur est moins évidente pour nos contemporains.Août 1914,était moins la naissance d’un monde que le suicide de l’Europe,mais qui pouvait entendre un tel langage à l’époque ?.Pour Paul le Goff ,sa sculpture magnifique aura été le « chant du cygne »,ce chant qui,à la fois,nous trouble et nous rassure.
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Derniers documents.













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A St Brieuc. Le 20 novembre 2 OI3.

Jean Taillabresse.
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Ouvrages consultés :
  • Le monument.Claude Duneton.Ed Balland
  • Paroles de poilus. Ed : Librio.
  • La guerre des tranchées. Général Mordacq. Ed Plon
  • Les Bretons dans la grande guerre :Roger Laouénan . Ed Coop Breizh.
Sites internet.
  • Mémoire des hommes.gouv.fr.Extraits des JMO.
  • La 87ème Division territoriale.fr.Emprunt Photos.
  • Google Earth.Belgique. Emprunt Photos.
  • Histoire de St Brieuc.fr.Emprunt photos.
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