jeudi 5 février 2015

Guy Eder de la Fontenelle.

 Guy Eder de Beaumanoir de la Haye de la Fontenelle
                         dit Ar Bleiz(le loup).
      Seigneur breton et brigand notoire.(1572-1602).
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                        En quelques questions.Vrai et faux.Et images.
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Rêve ou cauchemar?.
   Le voilà,j'en suis sûr maintenant.Il est encore loin dans les ténèbres mais je distingue de plus en plus nettement une grande silhouette,un large chapeau surmonté d'une plume de paon,la collerette blanche des mignons d'Henri III,la culotte bouffante,des bas soyeux que l'on dirait de femmes,les escarpins légers,une fine moustache et un collier de barbe duveteuse,le pourpoint ample et un longue épée au côté gauche,règlementairement,militairement.L'homme est jeune et d'une politesse exquise.Mais c'est qu'il s'adresse à moi dans ma langue maternelle:''Salud dachui autrou yann!''.Comment est-ce possible?,et pourtant je suis dans la certitude que c'est lui,de ce savoir  irréfutable des rêves profonds.Lui,Ar Bleiz,le loup,an droug hag ar maro,le mal et la mort,lui le massacreur de Bretons,le sabreur impitoyable,le criminel impénitent.Etrange sensation!.Il m'inspire davantage de pitié que de haine..Et soudain ce cri épouvantable,désespéré surgissant de milliers de poitrines du tréfonds des forêts et des profondeurs de la mer: "La Fontenelle!" "La Fontenelle!" et la cavalcade endiablée des guerriers de l'apocalypse.Je me réveille en sursaut,tout en sueurs...froides!.



La Fontenelle est un personnage inventé. faux.

Il nous est connu essentiellement par les mémoires du chanoine Jean Moreau,son contemporain et compatriote breton ,ligueur comme lui,témoin capital et fiable,mais aussi par la gwerz qu'il inspira et qui acquit une célébrité à la parution du Barzaz Breiz du marquis de Lavillemarqué d'une part ,puis à celle des Gwerziou breiz Izel de François Marie Luzel en 1868.J'ai fait pour ma part la connaissance des deux versions de la réédition de 1971par GP.Maisonneuve et Larose.La version chantée par Anne Salic de Plouaret en 1864,me paraissant la plus authentique.Les autres documents valablement "historiques"sont rares et demandent à être examinés à la loupe.Le personnage pour sa part aura inspiré une quantité de livres de toutes sortes(récits,romans,études en tous genres..)et continue à le faire.La postérité n'en est pas encore venu à bout.lls tiennent parfois du roman historique,voire de l'histoire romancée tel ''Le loup'' ou ''Brigand de Cornouaille'' de louis Moreau,qui existe désormais sous une forme audio,ou''la Fontenelle le ligueur''de Me..Baudry,l'un des plus anciens et des plus complets.D'autres étudient plutôt l'époque de la Ligue en Bretagne en historiens rationnels et modernes,tel Hervé le Goff,d'autres aussi tel Yann Brekilien d'un point de vue nationaliste ,ce qui peut aussi s'expliquer.Stendhal,Maxime du Camp,le Breton Emile Souvestre ont aussi donné leur vision et version du personnage.Plus près de nous,l'historien  Alain Croix lui consacre un chapître dans son étude sur l'''Age d'or de la Bretagne''.
Le sujet est porteur,''le sang fait vendre''.L'engouement de nos contemporains pour cet ancien brigand et ses pareils relève aussi de cet adage,comme les émissions criminelles  fascinent des générations successives de téléspectateurs de tous âges.Ainsi va l'homme,son vieux cerveau ,sa barbarie contenue à fleur de peau.

                   

A quelle époque se situe cette histoire?.
Né vers 1972,soit l'année de la StBarthélémy,ses faits et gestes principaux se situeront entre 1590 et 1598 soit à la signature de l'Edit de Nantes durant cette période dite 8ème guerre de religion,marquée en France par les sanglantes batailles de Coutras,de Vimory,d'Auneau,d'Arques ,d'Ivry,la journée des barricades,les sièges de Paris etc..C'est la période dite de la guerre des trois Henri.La Ligue catholique,la Saint Ligue,ou la sainte Union est le nom donné à un parti de Catholiques qui s'est donné pour mission la défense de la religion catholique contre le protestantisme.De succès en succès elle devient bientôt un danger pour la monarchie.Le programme des ligueurs outre la défense de l'Eglise,comprend la défense de la royauté et des Etats généraux.On verra pourtant en 1588 le roi Henri III mis dans dans l'obligation de fuir Paris.Henri de Guise chef de la Ligue et fait lieutenant général du royaume ou chef des armées mais surtout sur le point de prendre le pouvoir est traîtreusement assassiné sur ordre du roi Henri III à Blois.C'est le soulèvement général.Toutes les provinces tenues par la Ligue se soulèvent contre Henri III qui est assassiné à son tour le 1er Août 1589.La Ligue dès lors opposera une résistance acharnée  au prétendant légitime au trône de France à savoir le Huguenot Henri de Navarre,avec le concours de l'Espagne catholique.Elle ne désarmera totalement qu'au moment où Henri IV abjure la foi protestante.La fin définitive de la Ligue ayant lieu après la soumission du Duc de Mercoeur ,gouverneur de Bretagne et cousin d'Henri III.


La Ligue en Bretagne.
La Bretagne,dans son splendide isolement,mais officiellemnt unie à la France depuis la promulgation des édits de François Ier en 1532 ,vit un âge d'or.Son autonomie reconnue par le pouvoir central,c'est à dire ses privilèges fiscaux et règlementaires acceptés lui permettent de bénéficier d'une paix relative favorable à son développement économique,son agriculture diversifiée,ses industries florissantes dans le textile,d'un commerce de dimension européenne par ses nombreux ports et sa flotille La prospérité dont elle jouit durant le XVIème siècle,début 17ème se lit aujourd'hui encore dans les nombreuses et opulentes églises construites à cette époque,les célèbres enclos paroissiaux (StThégonnec,Ploumilliau etc..) ou des villes comme Locronan par exemple.Cet essor exceptionnel sera bientôt compromis par les troubles de la Ligue entre 1590 et 1598.Elle se voit alors rattrapée par la question religieuse et ses méfaits sans apparente raison car le protestantisme en cette région catholique est quasi inexistant.




Le professeur et historien Georges Minois explique:''Profitant des démêlées des Guise,ses cousins avec HenriIII,le duc de Mercoeur,époux de la duchesse de Penthièvre et gouverneur de Bretagne depuis 1582,va tenter ,en soutenant le parti ultra catholique de mener une politique personnelle dont les buts ne sont pas encore éclaircis et ne l'étaient sans doute pas même dans l'esprit du duc...Le Penthièvre sera la principale victime de la guerre de coups de mains qui s'ouvre en 1589 entre ligueurs et royalistes.La ligue fut plutôt pour les paysans l'occasion de piller villes et châteaux,pour les bourgeois d'obtenir une plus grande autonomie municipale,pour les nobles de régler leurs comptes avec les familles rivales,pour les brigands de ravager les campagnes en toute impunité...Un récit des évènements est impossible,nous assistons plutôt à une poussière de coups de mains,de razzias,d'escarmouches, de pillages dans lesquels royalisme et religion  ne sont que prétextes''.
StBrieuc,royaliste au début du conflit,fut prise en 1589 par la Ligue,en 1591 par les royalistes,les ligueurs à nouveau en 1592, en même temps que la tour de Cesson.
Autre exemple:Lannion aura donc été pillée quatre fois pendant la Ligue:En 1590 par les troupes de Mercoeur,en 1593 et en 1596 par les brigands de la Fontenelle,enfin en 1598 par les troupes du roi sous le commandement des capitaines Thomy la Broustière et la Guette-Cambriga.


En dehors de La Fontenelle qui me sert ici de fil rouge pour mon étude,la mémoire collective et les annales ont retenu les noms d’une poignée de grands bandits,parfois nobles en rupture de ban,coupables de pillages et de tueries de paysans au besoin,mais aussi de roturiers voleurs,détrousseurs en tous genres,au besoin criminels,gens de sac et de corde à la vie généralemnt brève.Cette période troublée où l’exemple du jugement expéditif par le fer et le sang vient d’en haut est particulièrement fournie en exactions et forfaits divers.
L’espérance de vie déjà guettée par les épidémies bien connues et les blessures bénignes qui dégénèrent vite,est courte.La religion,dès lors,apparaît comme l’ultime recours,en l’absence d’une médecine efficace contre les infections et autres gangrènes.C’est dire l’importance de son pouvoir sur les esprits en ces temps de crédulité et d’ignorance.Les routes quand elles existent sont peu sûres et tout voyage hors de sa sphère habituelle est aventure scabreuse.Quand il fallait 3 ou 4 jours pour aller de Rennes à Brest,mieux valait éviter les pauses nocturnes dans les bois,être accompagné et aussi armé que possible.
L’histoire des ‘’collecteurs de la lieue de grèves’’occupe une place particulière dans la mémoire des Trégorois..On appelait ainsi une bande de brigands qui depuis le Moyen-age et jusqu’au 19ème siècle guetta les voyageurs le long de cette grève nue entre StMichel en grève et StEfflam.’’Tout homme attaqué,pris entre la mer et les fourrés impénétrables,avait tôt fait d’être dévalisé puis de disparître dans les sables à la marée montante....De temps en temps quand les plaintes s’élevaient trop fort,intervenait la maréchaussée,voire quelques seigneurs du voisinage’’In Info Bretagne.com.La tradition populaire,à travers les trois gwerziou qui lui sont consacrés,a gardé le souvenir de Marc’harit Charlès et ses complices,les frères Rannou de Loquirec,deux coquins magistralement charpentés qui assommaient les gens à coups de penn-baz.On disait ‘’forts comme Rannou’’.Femme chef de bande redoutable durant la Ligue,préfiguration de Marion du Faouët,qui rançonnait tuait à l’occasion les voyageurs se rendant de Lannion à Morlaix et inversement.’’On la disait belle fille et faisait boire à qui voulait s’engager dans sa troupe,en guise d’épreuve préliminaire, une pinte de sang humain’’




L’histoire veut que les protagonistes de ces sombres méfaits aient fini sur la potence.’’En 1598,on envoya comme il est dit dans la ballade,une petite troupe de soldats,Espagnols je crois,pour purger le bois  de Coatendrezen en la commune de Tréduder ,repaire  des bandes de voleurs sous le commandement  de Marguerite Charlès et des frères Rannou’’écrit François Marie Luzel,commentant la gwerz consacrée à la brigande.
Je constate,plus j’avance dans la connaissance de ces grands brigands qu’ils ont en commun d’être de joyeux fêtards,volontiers conviviaux et partageurs quand le butin est abondant.Les pardons et les marchés étaient l’occasion d’aborder et d’agresser les marchands et voyageurs cossus,profiteurs en tous genres à leurs yeux qu’ils rançonnaient de gaieté de cœur.Un autre grand bandit généreux se fera connaître en France un siècle et demi plus tard pour sa générosité sociale :le célèbre Mandrin,dans la région de Savoie.On parle même à propos de la Charlézen d’un véritable racket à grande échelle de type mafieux avec la complicité de la maréchaussée.Un autre point commun est la trahison des proches et le piège dans lequel il finissent par tomber,victimes de leurs penchants naturels ou de leurs faiblesses sentimentales.La gwerz(complainte) recueillie à Ploumilliau par l’abbé M.F.Daniel rapporte comment la brigande se fera circonvenir par son voisin le seigneur de Kéranglas qui,l’invitant à devenir la marraine de son dernier enfant la fera prisonnière.Mais il est dit bien autre chose dans cette gwerz longue de 200 octosyllabes.Ci-après les confessions de la pécheresse,peu avant sa pendaison.La chanteuse Marie Clec’h qui rapporte cette gwerz lui fait dire précédemment :
‘’Wit on da vea lac’herez
Deuz va gorf non ket pecherez’’.
Bien que je sois meurtrière
De mon corps je ne suis pas pécheresse.
Elle ajoute ,comme souvent dans les derniers repentirs des malfaiteurs avant de paraître devant ce Dieu auquel ils croient tous :
‘’Poent a-walc’h é ma distruja’’
Il est temps d’en finir avec moi.



 ‘’Quoiqu’il en soit et quand la Charlès et les Rannou eurent été branchés(pendus),la paix ne régna pas pour autant sur la Lieue de grève.Les fourrés et les landes continuèrent de servir de repaire aux voleurs de grand chemin...La légende fait encore mention d’une Marie Charlès,fille de Mac’harit qui lui succéda à la tête de la bande’’.
Autres repaires et lieux de guet-apens.

L’étude de la toponymie bretonne sur la commune de Duault nous apprend l’existence d’un lieu nommé’’Toul a lerien’’non loin des gorges du Corong.’’Le trou des voleurs’’fut un repaire d’hommes traqués durant les siècles et notamment celui des deux célèbres bandits Gaudu et Le Saux.’’Près d’une des cavernes où ils se cachaient,nous dit Edmond Rébillé,se voit une table de pierre où ils devaient dépecer les bêtes chapardées...L’amoncellement de rochers est couronné d’un rocher bizarre que l’érosion a sculpté sur sa face Nord’’.
 De siècles en siècles,l’exploitation des paysans par les seigneurs locaux ou exercée au nom de quelque roi, générant la précarité et la misère,des bandes de malfaiteurs poussés par la faim se succéderont en ces lieux comme en d’autres. Les sables mouvants de la Lieue de grève où tant de vies innocentes ont vu leur fin restent à jamais muets.On pourrait les croire victimes de la marée montante,dangereuse à cet endroit à l’égal de celle du Mont StMichel. N’étaient les témoignages indirects,volontiers naïfs mais d’une sincérité absolue des chanteurs et chanteuses de gwerziou,porteurs de la mémoire collective du peuple breton,nous ne saurions d’ailleurs rien de ces méfaits lointains.Nous devons à leur extraordinaire mémoire un véritable fonds culturel d’une très grande richesse.A côté de conteurs et surtout conteuses anonymes,de bardes souvent infirmes ou aveugles et donc devenus inaptes aux travaux des champs comme Garandel de Plouaret,Mathilin an Dall le musicien,Anne Salic,Jeanne le Gall,Maria Prat etc..brille une véritable star :Marc’harit Phulup ou Marguerite Philippe,en Français, dite la ‘’Cigale des brumes’’.’’Elle avait retenu 259 gwerziou,sonniou et grac’hed koz ou contes de fées et les récitait avec une assurance parfaite sans faire de  confusion,ni se trouver en défaut,soit pour l’air ,soit pour les paroles’’nous dit Guy Castel dans l’ouvrage qu’il lui a consacré.Elle fut et de loin,la principale mémoire bretonne.Les autres relais jusqu ‘à nous sont bien sûr les collecteurs désormais célèbres que furent La Villemarqué,F.M. Luzel ou Anatole le Braz,par exemple,et les récents enregistrements et travaux de musicologie réaliser par l’association Dastum.L’essentiel apparaît sauvegardé.L’un des premiers enregistrements au magnétophone réalisé permet d’entendre aujourd’hui la voix de  Marguerite Philippe.Il fut le fait de Charles le Goffic.


 Photos noir et blanc :emprunts à ‘’La cigale des brumes’’.Guy Castel.Skol.1967.
La pauvresse,infirme de la main gauche,ne connaissait pas un mot de Français,et c’est peut-être bien la raison pour laquelle elle aura pu restituer son trésor à la postérité.Son extraordinaire mémoire sera restée intacte de tout parasitage.Il lui sera arrivé seulement parfois de déborder de son sujet et d’inventer pour son compte.Ainsi de cette gwerz étrange  dite ‘’la belle Catoise’’que personne,même Luzel, ne comprend pas vraiment où apparaît un La Fontenelle tout à fait incongru :
‘’La Feuntenell me ‘wuié mad
   A anvejan euz da lagad’’.          
  La Fontenelle je savais bien
  Que je te reconnaîtrais à ton œil.
Tout se passe comme si ,ayant entendu la gwerz de Fontanella,elle voulait caser ce nom quelque part pour sa seule musicalité,ou par simple fantaisie.Le brigand déchargé de ses crimes,de son humanité même devient prétexte à comptine ou chanson à l’instar d’un Mandrin ou de Compère Guilleri,ou marionnette dans d’autres cas.L’inconscient collectif se venge serais-je tenté de dire.Le peuple conjure ses peurs,exorcise ses démons par ses moyens habituels :le récit,le conte ,la transposition dans l’imaginaire,la mise en scène,la danse parfois et la musique.
Toute gwerz est un récit complet toujours faite de paroles prononcées par les personnages avec beaucoup de solennité et faite pour émouvoir aux larmes un auditoire attentif et complaisant.Le roman à l’eau de rose avant l’heure,la part du rêve et du fantasme indispensable à chacun pour se sortir d’un quotidien banal et souvent sordide.Le brigand y passe volontiers pour courageux et chevaleresque.Ainsi,parallèlement au récit ‘’historique’’ et au témoignage in situ et de visu sur l’’’homme’’,du chanoine Jean Moreau devenu mémorialiste,le personnage de La Fontenelle apparaît dans la gwerz,non pas pour ses crimes mais comme un amoureux éperdu qui enlève une jeune fille pour en faire son épouse,une histoire d’amour passionnelle en quelque sorte,prétexte à chanter et à émouvoir,poussée à l’extrême puisque la jeune fiancée mourra de chagrin en apprenant la vérité sur son amant fougueux.Al Capone non plus ne sera pas arrêté pour ses crimes,mais bel et bien pour une péccadille de fraude fiscale !.
Que faisait la police ?.
Il va de soi que les agissements crapuleux de la Charlézen et sa bande relèvent du droit commun.La justice,même en ces temps reculés,s’exerçait dans les juridictions seigneuriales et si elle ne punissait pas sans preuves,elle n’y allait pas de main morte.L’usage des  fusils et pistolets se développe au 16ème siècle,entraînant une législation nouvelle.Les voleurs souvent récidivistes  et marqués d’un V infâmant sur l’épaule,les membres reconnus des bandes criminelles avaient tôt fait de faire connaissance avec la corde.Une autre gwerz chantée par Anne Marie Tilly de la paroisse de Berhet et recueillie par F.M.Luzel en 1868 conte les mésaventures du contrebandier en tabac et alcool Fanch ar C’halvez,amoureux de sa belle Anne Jacob mais arrêté par les archers et promis à la peine de mort.Cette gwerz très émouvante est reprise aujourd’hui et excellement interprétée par le groupe Strobinell.(En partie car au total la gwerz fait 94 vers)..


 Les brigandages et autres comportement déviants  inspirés par la Ligue et souvent au nom de la religion,marquent la fin des temps médiévaux et la toute puissance des seigneurs locaux.Ses excès conduiront à une justice de plus en plus étatique.La centralisation autoritaire du pouvoir royal poussée à l’extrême entraînera d’autres révoltes de type jacqueries dans les siècles suivants dont celle des bonnets rouges bien entendu..Pour l’heure beaucoup de Bretons ont le réflexe indépendantiste et les petits hobereaux vivent mal la perte de leurs privilèges du temps du dûché souverain.Ils viendront grossir les rangs des bandes organisées des capitaines brigands qui vont pourrir la vie des Bretons en général à la fin du 16ème siècle.

         

En quoi La Fontenelle est-il Breton?
Le Guy Eder qui naît en 1572 ou73,soit au château du Leslay près de Quintin,soit au manoir de Longle en Guenrouët dans la région Nantaise,est d'ascendance bretonne du côté paternel et maternel puisque né de Pierre Eder de Beaumanoir  de la Haye et de Péronnelle de Rosmar de Kerdaniel.Son frère aîné Amaury cumulera tous les titres de la famille Eder après la mort de leur père,voir ci-dessous.Tous ces biens seront ensuite dispersés.Guy ne portera que le nom de La Fontenelle en tant que juveigneur c'est à dire propriétaire d'un bien revenant en droit à un cadet de famille quelque soit son rang,selon la coutume de Bretagne.


La famille Eder gravite depuis des générations dans l'entourage immédiat des ducs de Bretagne à des postes et offices très importants.On peut considérer cette famille de par ses seigneuries et propriétés diverses comme richissime pour l'époque et très influente politiquement.


On voit sur ce premier tableau le grand-père paternel Robert Eder de Beaumanoir affublé du titre de capitaine des gentilhommes de l'évêché de St Brieuc.Propiétaire du château de la Fontenelle en Trégueux,il résidait surtout rue StJacques à StBrieuc près de la cathédrale forteresse,pour les besoins du service probablement.Oligarchie et népotisme ne datent pas d'aujourd'hui!

Il y a donc bien filiation à la famille Beaumanoir par les femmes.







La cathédrale forteresse de StBrieuc conserve quelques souvenirs de l’époque de Christophe de Penmarc’h et son frère Louis,frères du grand-père maternel de Guy Eder.Christophe de Penmarc'h passe pour avoir été un bon évêque protecteur durant la période très pénible de la guerre de succession de Bretagne.Ses liens familiaux avec ce membre éminent de la hiérarchie Catholique peut expliquer en partie son adhésion aux thèses de la Sainte Ligue.Il se souviendra certainement des ses appartenances familiales quand il se livrera plus tard à la boucherie de Penmarc’h et au sac de Pont-Croix en Cornouailles.Un prétexte comme un autre,à défaut de véritables motifs ou casus belli de la part des populationsJe frémis à la vision de ce garçonnet qui entre dans la cathédrale,tenant la main de son grand-père.C’était il y a 500 ans.Il me semble que pas grand-chose n’a changé dans ce vieux quartier de StBrieuc,les halles exceptées,de la cathédrale massive,des maisons à colombages des rues Fardel ou Quinquaine.Le temps file,les acteurs passent,la scène demeure,parfois désespérement vide,parfois peuplée et frémissante des cris et gesticulations d’une population étrange et étrangère et pourtant la nôtre:nos aëux pour le meilleur et pour le pire.


On dénie parfois au brigand son appartenance à la maison De Beaumanoir.''Ce folâtre Guyon n'avait
 d'autre rapport avec la maison De Beaumanoir,célèbre par le combat des Trente que d'être né dans un château de ce nom qui appartenait à sa famille'' écrit même le chanoine Jean Moreau.Cette assertion est fausse.Les états de la généalogie bretonne aujourd'hui font nettement apparaître une aïeule à la 5ème génération du nom de Jeanne de Beaumanoir mariée à Amaury Eder et qui apporte à cette famille une dot considérable comprenant la seigneurie de Beaumanoir en Leslay mais aussi Caden en Sarzeau et Branzun en Surzur,ces deux domaines dévolus à la garde du château de Suscinio,résidence secondaire des ducs de Bretagne.Des mystères,des blancs parfois apparaissent dans les généalogies.Si le château du Leslay fut construit à l’initiative d’Odile de Beaumanoir,épouse du seigneur de Quintin,fille de Jean de Beaumanoir,héros du combat des trente,qui donc est cette Jeanne pour en hériter ?Elle est à coup sûr une aîeule du brigand mais son lien avec la prestigieuse famille des Beaumanoir d’Evran m’échappe en l’absence d’une trace de son ascendance dans les archives.C’est elle qui prend le nom de son domaine et le transmet par mariage,semble-t-il..La lutte pour les titres et les apanages était rude et les considérations morales n’étouffaient personne.En remontant dans la généalogie de la famille Eder qui habitait le château du Leslay depuis le 15ème siècle on rencontre des évènements violents.Ainsi de Jehan Eder de Beaumanoir épousant Marie de Villiers,veuve du seigneur de la Hunaudaye.’’Ce mariage déplut aux Tournemine :ils firent assassiner leur beau-père par quelques uns de leurs gens et il fut enterrré dans l’église de l’abbaye de Saint Aubin des Bois’’.in Info.Bretagne .com.En 1422,le duc Jean V donne à Pierre Eder,son chambellan et maître d’hôtel,la terre de Plouagat qui venait d’être confisquée sur les Penthièvre.(sic).Elle sera revendue plus tard au fils de François II par Gilles le petit-fils de Pierre Eder.Il faut croire que le futur brigand avait de qui tenir.
‘’Folâtre Guyon’’,ainsi que le nomme le chanoine Moreau,qui est le seul témoin à l’avoir connu et fréquenté physiquement au collège Boncourt à Paris est le cadet d’une illustre et richissime famille très influente politiquement à l’époque.C’est dans cette famille ,à mon sens ,qu’il faut chercher les raisons de son adhésion à la Ligue et une réponse aux questions que l’on peut se poser sur son comportement futur.
Au nombre des raisons qui m’ont amené à vouloir étudier le cas la Fontenelle et l’époque de la ligue en Bretagne,il y a cette découverte stupéfiante que j’ai faite récemment :cet incroyable criminel dont je n’avais qu’une vague connaissance mais que j’abominais bien entendu comme tout le monde,aura fréquenté bien avant moi bon nombre de mes lieux habituels,ce cadre dans lequel je vis quotidiennement.Depuis il me poursuit tel un fantôme et si je le traque un peu partout sur mon territoire,j’ai le sentiment parfois que c’est moi le traqué et que je me dois à cette histoire d’une manière ou d’une autre.Il y va de l’idée que je me fais de mon rapport à l’Histoire.La seule relation des faits et gestes d’un héros noir déjà mis en scène bien des fois par des romanciers talentueux ne serait que redondance médiocre.Un film tant qu’à faire !.mérite-il tant d’honneur ?.Ma réponse est non,même pour une apologie du mal.Il vaut bien davantage par ce qu’il n’a pas su être,ni porter l’espérance qu’il avait fait naître dans l’esprit de beaucoup de ses compatriotes que par ce qu’il a été.Une occasion manquée,une de plus,de relations plus compréhensives de la part de ce puissant voisin français,ombrageux,autoritaire,souvent apeuré et prompt à punir toute revendication de liberté bretonne nécessairement associée à quelque volonté irrédentiste.Mais nous n’y sommes pas encore.


Etudes à Paris .
L'enfant grandit entre Penthièvre et Trégor,Eder et Rosmar Kerdaniel mais aussi ses nombreux cousins tels jean de la Noé de Plélo qui lui restera fidèle compagnon ou G de Rosmar qui l'accompagnera durant ses années d'études à Paris



Adhésion à la Ligue.
Les méfaits.Carte et récit.(à venir...)